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Antonio quitta le musée. Il n'aurait pas dû sortir le jour. Cela le fatiguait beaucoup même s'il ne s'exposait pas à la lumière. Heureusement, il n'avait pas à sortir à l'air libre pour quitter le musée. Mais il n'aurait pas dû sortir, pas le jour. C'était là sa faiblesse. Lorsque la faim ne le poussait pas à les traquer, il aimait se mêler aux humains. Il aimait sentir autour de lui leurs multiples émotions, leur fragilité. La futilité de leur existence. Et leur vie. Ils étaient tellement conscients de la courte durée de leur vie qu'ils tentaient parfois d'en profiter chaque minute. Oui, il aimait les humains.

Tout en marchant le long du corridor sombre, Antonio se remémorait sa conversation avec la petite Française. Sarah, pensa-t-il. Il avait, en lui montrant les tableaux, confirmé sa première impression. Elle était différente. Le premier tableau, le portrait du jeune homme, avait été peint l'année de sa naissance et avait autrefois été accroché au-dessus de la cheminée dans la demeure de ses parents, près de Vérone. Depuis tout petit, il l'avait observé, cherchant à comprendre pourquoi ce tabeau lui pocurant une sensation si étrange. Et Sarah l'avait ressentie aussi.

Le deuxième tableau. La jeune femme. Il avait réussi à rester impassible. Sarah avait vu juste: celle qui avait servi de modèle à ce tableau s'était éteinte quelques jours seulement après que l'artiste eût terminé l'oeuvre. Le tableau s'intitulait "Jeune Vénitienne". Ils s'étaient trompés: elle était bien de Vérone. Giulia Di Costarini. Sa propre mère. Une toile éxécutée en 1545. Elle était mourante. Et Sarah l'avait senti. Sarah avait tout compris avec le portrait.

Sarah. Quel étrange personnage! Elle était fascinante. Il n'arrivait toujours pas à percevoir ses pensées. En cela, elle constituait un défi interessant. Il la reverrait. Le soir même.